Questions ouvertes au Président de la FED

Calme plat sur Jackson Hole. Tout semble sous contrôle, pas de mesures nouvelles, pas de précisions sur les outils d’un nouveau stimulus monétaire. Et pourtant certaines questions restent ouvertes …

Le Président de la FED ne partagerait-il pas l’analyse de John Kenneth Galbraith sur la crise de 1929 ?

Ben Bernanke a déclaré que le Comité de politique monétaire de la Fed allait continuer d’évaluer la situation économique, considérant par ailleurs que la faiblesse de la reprise économique tenait notamment à des facteurs conjoncturels tels que la remontée des prix des matières premières ou l’impact du tsunami japonais.

Ce diagnostic devrait être assez proche de celui que portait John Kenneth Galbraith sur les cinq faiblesses majeures de l’économie américaine en  1929 (in «The Great Crash » – Edition de 1954 revue en 1961) :

  • Inégale répartition des revenus (5% de la population américaine détient le 1/3 des revenus individuels en 1929 – Aujourd’hui, 1% de la population gagne autant que le total des revenus des 40% les plus pauvres) ;
  • Structure déficiente des sociétés financières (holding companies & Investment trusts) ;
  • Déséquilibres de la balance commerciale (il est vrai que les Etats-Unis étaient devenus créditeurs à l’issue de la Première Guerre mondiale) ;
  • Défaillances du système bancaire (faillites avec effet de dominos) ;
  • Carences du raisonnement économique (« The poor state of economic intelligence » pour reprendre les termes exacts de Galbraith). Dernier point qu’il convient de ne pas négliger …

Le QE3 n’est-il pas déjà rentré en application le 9 août dernier ?

Ben Bernanke n’a pas exclu la possibilité d’un nouvel assouplissement qualitatif, laissant aux marchés un sentiment de déception mêlé d’espoir.

Mais dans les faits, en décidant le 9 août 2011 de conserver des taux d’intérêts très bas jusqu’à mi-2013, la FED continue d’encourager les institutions financières à emprunter à cour terme pour acheter des bons du Trésor à 10 ans. Une décision cependant marquée par trois votes « contre », fait sans précédent depuis 19 ans (Richard Fischer, Président du Dallas FED, Charles Plosser du Philadelphia FED et Narayana Kocherlakota du Minneapolis FED).

La FED ne serait-elle pas en train de préparer le terrain pour un train de mesures d’inspiration Rooseveltienne façon New Deal, que devrait prochainement annoncer le président Barack Obama ?

Aucune précision n’est donnée sur les outils dont dispose la FED pour soutenir l’économie US.

« La FED fera «tout son possible pour aider à retrouver des taux de croissance et d’emploi élevés dans un environnement de stabilité des prix ».

Mais elle considère que « la plupart des mesures de politique économique pour soutenir la croissance à long terme sont d’un ressort extérieur à celui de la banque centrale ». Entendons par là « des mesures de relance budgétaires supplémentaires en faveur de l’emploi » que les Elus seraient appelés à prendre pour compléter l’action de la FED (Source AFP).

S’agirait-il d’un succédané des grands programmes de lutte contre le chômage mis en œuvre en 1933 puis en 1935 avec la « Federal Emergency Relief Administration » ou la « Civil Work Administration » ?

Sur quels fondements la FED peut-elle pronostiquer un redressement de la croissance américaine au cours de la seconde partie de l’année ?

Parlant de la « contraction » et non de récession, Kenneth Rogoff, ancien Chief Economist du FMI et professeur d’Économie et de Politique publique à Harvard considère que « bon nombre de décideurs politiques se sont appuyés sur la conviction qu’il s’agirait simplement en fin de compte d’une récession profonde, qu’il serait possible de maîtriser en recourant abondamment aux outils politiques conventionnels tels que les mesures budgétaires ou les plans de sauvetage massif.

Pourtant, le vrai problème n’est autre que l’endettement catastrophique qui touche l’économie à l’échelle mondiale et auquel il sera impossible de remédier rapidement sans la mise en place d’un système de transfert de la richesse des créanciers aux débiteurs, en recourant soit au choix du non-paiement, soit à la répression financière, soit à l’inflation ».

Gilles Bouchard